Pour inaugurer notre rubrique blog sur ce nouveau site, et dans la série Eisenia va voir ce qui se passe ailleurs, petit compte-rendu du voyage / initiation d’un projet de lombricompostage à Milan dans un ex-hôpital psychatrique reconverti en lieu de soins / auberge de jeunesse / centre culturel / restaurant / parc cultivé fou et joyeux, par Christophe, Thomas et Pierre (bénévoles et salarié d’Eisenia).
Nous avons été sollicité·es par Olinda, une structure d’économie sociale milanaise, pour accompagner leur projet de lombricompostage. Il faut dire qu’un de nos bénévoles y avait grenouillé il y a quelques années, y semant quelques petites graines eisenièsques…
Olinda est une des filles du mouvement ”psychiatrie et démocratie” initié par Franco Basaglia, mouvement qui a abouti en Italie à la loi de 1978 qui a donné 20 ans aux hôpitaux psychiatriques pour fermer. La fermeture de ces asiles, la plupart atroces et en tout cas qui ne soignaient pas, a été accompagnée par des associations réunissant professionel·les du secteur (psychiatres, éducs,…),habitant·es du territoire et patient·es, qui se sont créées pour inventer autre chose.
Rue Ippocrate, à Milan, c’est Olinda qui a réalisé cette fermeture-ouverture d’un gigantesque espace doté d’un parc, de pavillons et autres bâtiments administratifs, d’allées sous les tilleuls et d’une église.
Peu à peu, Olinda a fermé l’asile et ouvert plusieurs projets permettant à des personnes qui souffrent de troubles psychiatriques de vivre mieux. Des petites communautés de vie pour des patient·es, un festival et un lieu de résidence de théâtre, des entreprises inclusives et valorisantes pour celleux qui y travaillent, un bar-restaurant, le Jodok, une auberge de jeunesse, Ostell’olinda, un projet de potager collectif pour les gens du quartier, Il Giardino degli aromi.
Une ouverture sur la ville à la place d’une prison.
Toujours à la recherche de nouveaux projets, avec un bar-restaurant générant pas mal de bio-déchets et des sensibilités écologiques accrues, Olinda se lance dans le lombricompostage et nous donne deux mois pour l’aider.
Malgré les délais, nous disons oui et en deux temps ! 3 jours en juin, 5 en septembre.
3 premiers jours, pour former une dizaine de personnes, comprendre comment pourrait fonctionner du lombricompostage chez eux, repérer l’importance stratégique de la (petite) cuisine et fabriquer des ”pièges” à lombrics dans le parc, occasion ludique d’organiser un premier chantier, visseuses, scies, tenailles et langues tirées pour bien s’appliquer.
Ces pièges, des petits cadres de bois posés à même le sol à nourrir en épluchures, feuilles et peu d’eau (faisait chaud cet été !) n’ont que peu fonctionné, les vacances ayant quelque peu disloqué les candidats à leur entretien.
Pas grave, nous revenons en septembre avec 4 kilos de vers bien de chez nous, ou plutôt de chez nos camarades de terrestris. Mélangés avec les quelques eisenia foetida qu’Olinda avait en réserve, cela donnera lieu à une jolie rencontre interculturelle une fois le lombricomposteur construit.
Interculturelles aussi seront les cessions de formation et le chantier pour construire le lombricomposteur. Le summum sera la session de septembre : trois qui parlent français et italien, deux qui ne parlent qu’italien, deux qui ne parlent que brésilien… mais un autre qui parle français ET brésilen sans bien sûr parler italien.
Faites le calcul, vous verrez, il nous fallait bien dire chaque chose trois fois, en trois langues. Cela dit, peu à peu, en deux, puis quasi en une après quatre jours. A force, on s’améliore…
Bon, à la fin, un esthétique lombricomposteur, 2 mètres sur 1, placé juste à l’entrée d’Olinda – il fallait bien que ça se voit – et un véritable vernissage à l’huile de lin, occasion rêvée de goûter un Muller Thurgau et d’en faire profiter ses futurs habitants, bi-nationnaux donc.