Le lombricompostage (ou vermicompostage, terme préféré par nos voisins anglo-saxons mais moins courant en France) reste assez peu connu et mal défini, à l’exception du lombricompostage individuel, assez répandu et bien documenté. Nous mêmes, association Eisenia, avions eu énormément de difficultés à accéder à de la documentation sérieuse concernant le vermicompostage collectif à nos débuts en 2012. Après 10 ans d’expérience de terrain, nous souhaitons caractériser, rationaliser notre pratique, analyser les bénéfices et difficultés de cette technique, définir les possibilités de développement d’une vraie filière complémentaire aux autres modes de valorisation des biodéchets existants. Nous avons eu la chance d’accompagner le travail doctoral de Vincent Ducasse qui a réalisé au sein de notre association une thèse intitulée « Valorisation des biodéchets urbains par vermicompostage sur des sols conduits en AB : une pratique agroécologique pour préserver la biodiversité des sols ? ». Ce travail nous a permis de rencontrer des acteurs issus du monde scientifique, universitaire et de l’agronomie, et de monter ensemble le projet VALOR.
Le projet VALOR a donc cet objectif de caractériser et évaluer la faisabilité de différentes filières de vermicompostage pour valoriser les biodéchets urbains et agricoles afin de permettre leur retour au sol dans des conditions favorables à l’agriculture.
Le projet VALOR est porté par un groupement d’acteur·ices aux compétences spécifiques. Financé par l’ADEME, coordonné par l’ISARA (école d’ingénieur·es en agriculture), il fait aussi intervenir l’INRAE et le laboratoire EVS (INSA + Université Lyon 3). Notre pratique de terrain est analysée par le prisme de ces différents acteur·ices, avec des entrées agronomiques, biodiversité et protection des sols, bilan carbone, économiques et sociales.
Le programme se déroule sur une durée de 3 ans 1/2.
Les enjeux de ce projet sont de :
• qualifier et quantifier les flux de matières pouvant être traitées par vermicompostage, du biodéchet au vermicompost produits à l’échelle de la métropole de Lyon,
• qualifier et quantifier les services écosystémiques rendus par les sols agricoles recevant du vermicompost ainsi que les externalités socio-économiques et environnementales du vermicompostage afin d’appréhender au mieux les bénéfices de cette technique,
• proposer un cadre d’analyse de la durabilité de cette filière et pouvoir la déployer sur d’autres territoires.
Au cours de ce programme de recherche, un certains nombres de livrables (guides, comptes-rendus, articles, synthèses) sont produits et publiés au fur et à mesure sur une page dédiée sur le site du projet.
La thèse de Vincent Ducasse a été défendue avec succès en juin 2023, et est en phase de correction avant publication. Les résultats obtenus sont encourageants, notamment en terme de qualité et d’absence de pathogènes au sein des nombreux vermicomposts analysés. Elle sera publiée en accès libre sur notre site dès qu’elle sera définitivement validée par le jury hautement qualifié qui a participé à l’aventure.
L’association a dès ses débuts, bien avant le démarrage de VALOR, cherché à analyser sa pratique et à réfléchir aux besoins d’un territoire concernant la gestion des biodéchets. Ainsi, nous avons produit un certains nombre de documents sur le sujet, dont le Plan B, pour encourager les collectivités à choisir les bonnes options. Créé une première fois en 2017, amendé en 2018 puis en 2020, le plan B a été une première tentative pour évaluer la possibilité de valoriser l’ensemble des biodéchets d’un territoire en priorisant le traitement sur place. Si certains chiffres ne sont plus d’actualité, si nous manquions à l’époque d’un peu de rigueur et de sources fiables sur le sujet, il n’empêche que les fondamentaux qui nous animent y sont déjà réunis : volonté de de traiter les biodéchets en ayant l’impact carbone le plus faible, en créant de l’emploi ultra-local, en favorisant la biodiversité, en économisant eau, matière, énergie et en participant à l’évolution du modèle agricole, restent les bases de notre réflexion et devraient être également celles de tout service ou collectivité ayant en charge la gestion des déchets.